La vie tragique de l'Aiglon

Aujourd’hui nous célébrons la mort de l’Aiglon, Napoléon II, fils de Napoléon 1er (l’Aigle) et proclamé Roi de Rome à sa naissance (titre faisant référence à Charlemagne et à la république romaine qui sont les modèles de Napoléon 1er). Napoléon François Charles Joseph Bonaparte né le 20 mars 1811 meurt le 22 juillet 1832. Sa mère est l’impératrice Marie Louise d’Autriche. Il est le seul enfant de Napoléon 1er. On pourrait croire que l’histoire de l’Aiglon est un rêve, il n’en sera rien. Bien au contraire, elle sera tragique jusqu’au bout !

Le Roi de Rome sera Empereur des Français à l’age de 4 ans pendant... 2 semaines en 1815, à la fin des Cent-Jours et avant le retour de Louis XVIII. Il ne voit déjà plus son père, puisque sa mère l’impératrice s’est réfugiée dans son pays d’origine, en Autriche. Dès lors, Napoléon II passera sa vie dans ce pays avec le titre de Duc de Reichstadt que son grand-père l’Empereur d’Autriche lui donnera. Ce titre germanique permettait « d’effacer » son identité Française et son affiliation au trône impérial Français. Son grand-père le protège, mais en même temps l’écarte de la vie politique. Une des consignes donnée par l’Empereur d’Autriche était de ne jamais parler de son père devant le petit Duc de Reichstadt. Néanmoins, l’Aiglon aime lire, il a du temps et il est bien entouré. Ainsi, il redécouvre la vie fascinante de son père dans les livres de la bibliothèque impériale de Vienne. Il se met à réapprendre le Français. Il sera soutenu toute sa vie par la Princesse Sophie de Bavière qui est une fervente Bonapartiste, comme la grande majorité des bavarois. Le Duc de Reichstadt se lancera dans une carrière militaire… comme son père qu’il admire tant. Sa mère, Marie-Louise d’Autriche, lui donnera le sabre qu’avait son père lors de la campagne d’Egypte. Malheureusement, il ne pourra être un grand chef militaire comme son modèle de père. Il est atteint de tuberculose et on le soigne (volontairement?!) mal. Il meurt à l’âge de seulement 21 ans dans la même chambre du palais impérial de Schönbrunn que son père avait occupé après Austerlitz et Wagram. Il fut d’abord enterré en Autriche, mais la tragédie de l’Aiglon ne s’arrête pas là. En effet, même le retour de ses cendres en France est tragique, puisqu’elle se fait sous occupation allemande en décembre 1940. Hitler, souhaitant l’adhésion totale de la France à sa cause criminelle, décide de faire un geste politique en rapatriant les cendres de Napoléon II aux Invalides à côté du majestueux tombeau de son père, terrible….

Napoléon II sera toute sa vie un enjeu politique, tiraillé entre une France qui le veut et une Autriche qui le cache. Aux yeux des monarchies autoritaires et anti-Française d’Europe, l’Aiglon sera un danger permanent pour eux et leurs privilèges, c’est un Bonaparte. D’autant plus qu’à la mort de son père en 1821, il est l’espoir de l’Europe des peuples (Polonais, Bavarois, Belges, …) et surtout du peuple Français, nostalgique de la Révolution, du 1er Empire et agacé par la monarchie qu’on leur a imposé. A tel point que lors de la révolution de juillet 1830, le peuple Français préfère crier « Vive Napoléon II ! » au lieu d’un « Vive la République ! » qui aurait été logiquement plus approprié.

Napoléon II était aussi brillant que son père. Malgré son jeune age, à la veille de sa mort, il a la lucidité et l’intelligence de dire « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ». Si vous passez aux Invalides rendre hommage à Napoléon 1er, n’hésitez pas à faire de même sur la tombe d’à côté. Comme le souhaitait son père dans son testament, l’Aiglon n’a jamais oublié qu’il était un prince Français. En ce 22 juillet, rendons hommage à un homme qui avait tout le potentiel pour être un grand homme de l’histoire de France, comme son père ! Vive Napoléon II !